Ce mercredi, malgré les déclarations faites par les trois victimes, deux frères et l’ami de l’un d’eux, l’accusé a reconnu a minima les agressions sexuelles mais pas les viols.
Article original publié dans l'indépendant du 24/06/2020 par Yannick Bonnefoy
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"Effectivement, j’ai masturbé les trois enfants et je me suis masturbé. Après, je leur ai aussi montré des films pornographiques, mais le reste non?!" Jugé depuis lundi devant la cour d’assises de l’Aude, pour répondre d’"agressions sexuelles et de viols commis sur des mineurs de 15 ans", Erik Chaudoin est resté droit dans ses chaussures ce mercredi 24 juin, lorsqu’il s’est agi de donner sa position sur les faits reprochés. Des faits qui, rappelons-le, auraient été commis à Carcassonne entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2014 pour les deux premières victimes, ainsi que du 1er juillet au 31 décembre 2014 pour la troisième.
Ce mercredi, malgré les déclarations faites par les trois victimes, deux frères et l’ami de l’un d’eux, l’accusé a reconnu a minima les agressions sexuelles mais pas les viols. "Ça s’est passé sur différentes périodes, mais il ne s’est rien passé d’autre…", a poursuivi l’accusé. Pourtant, et de façon concordante dans leurs déclarations respectives, les trois garçons, âgés de moins de 10 ans lors des faits, ont évoqué des fellations réciproques avec Erik Chaudoin, avec parfois l’introduction d’un doigt dans l’anus. Il y avait aussi des consommations de cannabis et d’alcool. "Je n’explique pas pourquoi ils disent ça?!", a lancé l’accusé à la cour. Et de justifier ses écarts plus que déviants avec les enfants?: "C’était une époque où je fumais et buvais, parfois je prenais du LSD. Je n’étais pas moi-même, j’étais dans un autre état?!"
Courageux, comme il l’a été en dénonçant les faits en janvier 2015, le copain des deux frères a souhaité revenir à la barre ce mercredi après-midi, pour réaffirmer ses déclarations et expliquer comment l’accusé l’a menacé s’il venait à raconter ce qu’il se passait dans son camion "puant et plein de puces". Il a évoqué des scènes à deux, mais également à trois?: "Ce que je veux, c’est qu’il dise la vérité, toute la vérité?!" La mère des deux frères victimes est aussi venue déposer à la barre. Elle qui n’a pas su ouvrir les yeux sur celui envers qui elle avait une totale confiance?: "Je n’ai pas prêté attention tout de suite car j’étais dans un syndrome de violences (le père des enfants la battait, Ndlr). Pour mes fils, Erik occupait la place du père qu’ils n’ont jamais eu. C’était un ami de la famille depuis huit ans… Là, je n’arrive plus à avancer… Je suis écœurée, il m’a mise dans la poche."
Aux intérêts de cette maman désœuvrée, dont les trois enfants sont aujourd’hui placés, Me Sarah Couloumiès est revenue sur l’attitude de sa cliente, "que ces deux enfants ont voulu protéger en ne lui révélant rien. Aujourd’hui, il est facile de refaire le film, mais sur le coup elle n’a pas été capable de prendre la mesure de ce qui se passait. Pour elle, comme pour l’autre maman d’une victime, c’est aussi un constat d’échec car elle n’a pas su protéger ses enfants. Elle porte le poids de la culpabilité… Tout ce qu’elle veut aujourd’hui, c’est être présente pour soutenir ses enfants."
Pour l’aîné des deux frères victimes, Me Charlotte Deloffre a expliqué le sentiment de son client qui se sent coupable car c’est lui qui a fait rentrer l’accusé dans la famille, après l’avoir rencontré à la patinoire de la Magie de Noël. "Il se culpabilise aussi car il n’a pas su protéger son petit frère… Il suffit d’une rencontre pour changer une vie, et j’ai mal pour cet enfant que vous (l’accusé) avez massacré?!" Au soutien du cadet de la fratrie, désormais âgé de 13 ans, Me David Sarda a parlé d’"un enfant en danger" dans le milieu familial où il a évolué avant d’être placé?: "Il n’a pas tendance à l’affabulation, contrairement à ce que déclare l’accusé qui est un menteur professionnel..." Pour la troisième victime et sa mère, Me Blandine Ponrouch a souligné "le courage" de son jeune client, "qui a monté l’Everest de la peur et de la honte" en révélant les faits. Et de regretter "l’indifférence de l’accusé, qui endort les enfants pour mieux en abuser… Mon client souffre aujourd’hui d’insomnies, il pleure et fait des cauchemars à répétition. Ce n’est pas à mon client de vivre la honte et la culpabilité?!"
Ce jeudi 25 juin à 8?h?30, le procès se poursuivra avec les réquisitions de l’avocate générale Amélie Donnette, suivis de la plaidoirie de Me Alexandra Vitrac pour la défense. Le verdict est attendu dans l’après-midi.
Article original publié dans l'indépendant du 24/06/2020 par Yannick Bonnefoy
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